A l’heure de la remise en question du musée comme lieu de diffusion des savoirs de nos civilisations, quelle place le travail de projet laisse-t-il aujourd’hui à la relation entre l’objet et son espace de présentation, entre cet espace et le public auquel il s’adresse? Bâtir un musée, construire une muséographie, c’est interroger la place de l’espace dans la relation significative des contenus qu’il accueille. C’est questionner la valeur des contenus à travers le sens que peut leur donner l’espace. Le projet pour le nouveau musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel trouve son origine entre l’architecture et l’archéologie, entre l’expression de l’espace et l’expression du temps, là où l’espace peut donner du sens au temps.
Le principe fondamental développé par le projet est de dépasser la seule création d’un musée pour étendre l’intervention muséographique à l’ensemble du site mis à disposition. Ce site devient un événement culturel et architectural de première importance à travers une conception globale qui considère le musée non pas comme un objet mais comme une partie cohérente d’un lieu muséographié, dont les différentes modifications au cours de l’histoire sont révélée par le projet d’architecture.
Le projet interprète l’inscription de chaque objet archéologique dans son propre temps, à l’exemple de l’étang piscicole qui s’appuyant sur un programme totalement distinct du musée, révèle archéologiquement, par sa position de trois mètre au dessus du niveau actuel du lac, le paysage d’avant la dernière correction des eaux du Jura survenue dès 1891. Ou encore la position de la reconstitution du village néolithique de Champréveyres, découverte exactement à l’emplacement où il est montré, mais surélevé afin de faire coïncider sa surface avec le niveau adjacent du lac, permettant de faire découvrir son sol ou de le faire disparaître sous l’eau en fonction des crues du lac, comme il y a six mille ans.
L’architecture du bâtiment poursuit, par son traitement, les principes muséographiques développés sur le site. Le parcours crée propose une visite en boucle, en forme de flux et de reflux, à travers une promenade architecturale, archéologique et géographique.
En collaboration avec Laurent Chenu, Pierre Jéquier et Pieter Versteegh
Photos de Aurèle Cellérier